Enfant précoce (HPI) et écriture
Les enfants et adultes dits à haut potentiel ou intellectuellement précoces ont des capacités intellectuelles remarquables comme l’explique très bien la brochure éditée par le Ministère de l'Education Nationale sur ce thème Eduscol.
Statistiquement, il y a environ 2 % d’élèves HP de la maternelle au lycée. Mais très souvent, trop souvent, ils ne sont pas repérés par les enseignants pour diverses raisons, la principale étant que ces élèves ne sont pas forcément en tête de classe. Parfois même ils peuvent être en échec scolaire. Par ailleurs, ces enfants, et les adultes qu’ils deviennent, sont souvent intellectuellement dysharmoniques : ayant d’énormes facilités dans certains domaines correspondant à leurs formes d’intelligence les plus développées et des difficultés dans d’autres.
Mais un des traits communs aux « HP » est leur difficulté à maîtriser le geste d’écriture souvent associée, mais pas systématiquement, à une difficulté globale en motricité fine.
On explique généralement cela par le fait que les « HP » pensent trop vite et que leur main n’arrive pas à suivre le rythme. Cependant, cette différence de vitesse pensée/ écriture manuscrite nous concerne tous HP ou pas …d’où l’émergence à une époque de la sténographie. C’est donc certes une donnée à prendre en compte mais essayons d’aller plus loin dans l’analyse.
Du fait d’un développement plus précoce au niveau verbal ou logico-mathématique, le jeune enfant HP délaissera des activités moins exigeantes intellectuellement comme celles de motricité fine (découper, coller, plier, boutonner, transvaser, enfiler des perles) pour des activités plus abstraites en lien avec son type d’intelligence. Par ailleurs, ce qui caractérise ces enfants est aussi une forte intensité d’émotion et d’excellentes capacités d’observation qu’on prend souvent pour une extraordinaire intuition.
Quand il commence à tracer ses premières lettres, maladroitement, comme tous les débutants, il perçoit immédiatement le décalage entre ce qu’il produit et le modèle, entre ce qu’il voudrait laisser comme trace et celle qu’il laisse vraiment. Il ressent aussi l’exagération forcée (aussi louable soit-elle) de l’adulte qui s’extasie sur ses premiers tracés « Mais tu as formidablement bien écrit « Maman »…Il décide alors inconsciemment de se désinvestir de cette activité manuelle qui n’a pas un rendu à a la hauteur des efforts engagés.
On trouve également chez les HP un surengagement de l’hémisphère cérébral droit, celui qui traite globalement l’information et assure la réalisation de processus simultanés. Or, ce surengagement peut entraîner des difficultés visuo-spatiales et en conséquence d’’acquisition du geste d’écriture.
Enfin, ce sont souvent des créatifs et des « originaux », très attachés à leur liberté (de penser). Ils préfèrent concevoir leurs propres stratégies plutôt que d’utiliser celles qui leur sont imposées. Or, qu’y a-t-il de plus normé que la forme des lettres dans l’écriture cursive et le tracé enseigné lors de l’apprentissage de ces formes ?
Cela ne veut certainement pas dire qu’un enfant ou adulte HP ne peut pas acquérir un geste d’écriture harmonieux. Le jour où il décide d’investir cette activité d’écriture, parce qu’il a envie d’être lisible, d’écrire plus vite ou de venir à bout d’une douleur, il sera capable, et ce parfois même très rapidement, d’acquérir le bon geste et de retrouver le plaisir d’écrire.