Ecriture et évaluation
La docimologie, l'étude des épreuves, est la discipline scientifique consacrée à l'étude du déroulement des évaluations en pédagogie1 et notamment à la façon dont sont attribuées les notes par les correcteurs des examens scolaires. Le mot "docimologie" vient du grec composé de dokimé, épreuve, et logos, raison, discours.
Vous trouverez ici les principaux critères de discordance dans l’évaluation des copies.
https://francois.muller.free.fr/diversifier/DOCIMOLOGIE.htm
Un des critères importants de cette docimologie est souvent négligé : celui de l’effet de la qualité de l’écriture manuelle et plus globalement de la présentation de la copie, de son aspect « esthétique » dans l’attribution d’une note.
Si à l’école primaire, de façon à faire prendre de bonnes habitudes aux élèves, mes collègues professeurs des écoles et moi-même insistons beaucoup sur la « présentation »,et l’a qualité de l’écriture, cette injonction se perd au fur et à mesure que les années passant, le fond de plus en plus fourni prend le pas sur la forme.
Nonobstant le problème de l’écriture illisible et de ses implications évidentes sur la note, je me suis rendue compte au travers des milliers de copies corrigées dans ma carrière combien une écriture harmonieuse, agréable à lire pouvait avoir un effet positif sur la note. Quand on arrive à la 20ème copie, après parfois une ou deux heures de correction et qu’on tombe sur une copie à l’écriture bien lisible, agréable, on a inconsciemment envie de « remercier » son auteur de faciliter ainsi le travail du correcteur et on se trouve disposé à être plus généreux dans la note.
Par ailleurs, dans notre inconscient collectif, une écriture peu harmonieuse est souvent liée aux notions de « pas assez d’application », « pas assez d’effort » avec pour conséquence une « sanction » du correcteur au travers de la note attribuée.
La copie au cycle 3 : parent pauvre ?
Avec un emploi du temps ultra chargé, soumis à une liste d’injonctions qui ne cesse de s’allonger sur ce qu’il est indispensable d’enseigner aux élèves (du développement durable à l’anglais en passant par le codage informatique, l’éducation morale et citoyenne …), les professeurs des écoles n’ont plus guère de temps pour un créneau écriture dans leur emploi du temps à partir du CE2.
Or, si à ce niveau, les gestes et les formes de l’écriture cursive sont censés être maîtrisés (même si les exceptions sont très nombreuses pour les raisons décrites ici), les compétences de copie sont encore en cours d’acquisition. Cependant, dans la plupart des classes de l’ancien cycle 3 (du CE2 au CM2), la copie est un moyen pour garder une trace des leçons, des poésies, des consignes mais rarement proposée comme un apprentissage à part entière dont on explicite les stratégies.
Dès lors, l’écart se creuse entre d’une part, ceux qui ont compris qu’il faut toujours lire et comprendre ce qu’on copie avant de se lancer dans l’activité et qu’il peut être utile de s’arrêter un peu plus longuement sur les mots où l’on risque l’erreur pour en mémoriser l’orthographe, et d’autre part, les autres, ceux qui copient syllabe par syllabe voire lettre à lettre sans que cela fasse sens pour eux.
On voit souvent en séance de graphopédagogie des élèves capables de copier une phrase abracadabrante, sans queue ni tête, avec une absence totale de réaction. Ceux-là peuvent d’ailleurs avoir une écriture lente alors que le geste de tracer les lettres est rapide. En effet, les allers-retours incessants modèles/feuille de copie sont nombreux et impliquent des arrêts qui font perdre la fluidité du geste en plus d’un temps précieux à chaque regard. Quand le modèle est plus éloigné, comme le tableau en classe, ces arrêts sont encore plus chronophages.
Alors, même si cela est un peu compliqué pour cette question d’emploi du temps, il faut considérer la copie comme un apprentissage à part entière et la proposer régulièrement avec une démarche explicite : pourquoi pas la copie quotidienne d’un proverbe ou d’une citation pouvant donner lieu à une mini-leçon d’éducation morale et civique ? Cela favoriserait en outre l’enseignement dit transversal dont les vertus sont louées par les programmes ?