Une séance de rééducation de l'écriture pour un enfant

 Une  première séance de rééducation de l’écriture pour enfant.

Je vais vous raconter celle de William 7 ans et demi au CE1.

Pour des problèmes de santé liée à une   naissance très prématurée,   il est suivi depuis tout petit par une psychomotricienne, une pédopsychiatre et une orthophoniste.

En plus de l’école, où il rencontre des difficultés, il a toutes ces séances avec des professionnels qui grignotent son temps de loisirs et de  jeu. Evidemment, ces suivis extérieurs sont indispensables. Sa maman et lui en sont conscients mais …suivre une rééducation en écriture, c’est encore un suivi de plus. Ça fait beaucoup, ça fait trop.

Cependant l’équipe éducative a été formelle : il ne peut plus poursuivre ses apprentissages scolaires avec une écriture aussi illisible. L’orthophoniste et la psychomotricienne interviennent sur des problèmes qui effectivement gênent l’écriture : latéralisation, dyslexie, légère dyspraxie. La pédopsychiatre s’occupe du versant neuro-psychologique qui a un rôle aussi dans l’écriture.

 Et il a progressé grâce à ces professionnels qui ont tous leur rôle à jouer dans le processus d’écriture.

 Mais l’écriture est aussi un geste technique que les difficultés de William  ne lui ont pas permis de maîtriser au même rythme que les autres. Or au CE1, on lui demande de copier des leçons et des poésies. Les autres y arrivent, lui non. Les traces qu’il laisse ne répondent pas à l’attente scolaire et il en est bien conscient.

Ecriture dysgraphique

Un spécialiste de l'écriture

Alors sa mère a cherché un « spécialiste de l’écriture ».

William se présente à mon cabinet, à la fois plein d’espoir et un peu désabusé. Encore quelqu’un qui va s’occuper de lui, qui va l’aider... Mais lui voudrait passer tout son temps en dehors de l’école et des devoirs, à jouer.

Pour sa mère et lui, apprendre que cela ne va durer que quelques séances a été un véritable soulagement : «  Pas toutes les semaines ? »  «  Non, seuls les deux premiers rendez-vous sont espacés d’une semaine. Après il y aura entre 3 et 8 séances espacées de trois semaines. ».

Et aussitôt la fiche de renseignements remplie, la mère de William ajoute « Bon alors je vous laisse ». Elle a l’habitude de laisser son petit garçon entre les mains expertes de ces professionnels et de passer dans la salle d’attente. Mais je l’invite à rester et lui explique qu’elle va assister à toute la séance parce que la rééducation en écriture selon la méthode du  réseau 5E c’est une  prise en charge tripartite où le parent relaie la rééducatrice à la maison pour les exercices quotidiens indispensables, sans jamais se substituer à elle bien sûr. 

Elle est agréablement surprise. Elle va pouvoir aider son petit garçon, avec une technique qu'ils viennent de découvrir en même temps. Il en sait autant qu'elle. Il va s'établir une synergie.

Posture et tenue de crayon

Quand je prononce le mot « test », c’est au tour de William de se crisper. Mais je lui explique qu’il va écrire ce qu’il veut dans un premier temps, sur un thème qui l’intéresse (en l’occurrence de joueurs de foot …).  Il écrit quelques mots. Je prends des photos et un film. J’en profite pour observer sa posture, sa  tenue de crayon , sa maîtrise de la langue. 

Puis on passe au test chronométré de copie d’une phrase de 30 lettres. La maman apprécie de pouvoir observer son fils en situation « scolaire », de pouvoir évaluer sa capacité de concentration. Cette fois, j’en tire des informations sur la vitesse d’écriture et sur les compétences de copie que je communique aussitôt à la maman.

Pour William, ce  sont des bonnes nouvelles car la vitesse d’écriture est légèrement au-dessus de la norme de son âge et il n’y pas d’erreur de copie. Il avait pris le temps de lire sa phrase avant de la copier.

Et si cela n’avait pas été le cas ? Eh bien , dans un souci de transparence, je l’aurais dit aussi mais avec la bienveillance indispensable. S’il avait écrit lentement, cela aurait été essentiel de le savoir et de communiquer à ce propos pour que la rééducation ne porte pas que sur la lisibilité mais aussi sur le rythme. En outre, la rééducation du geste permet d’améliorer la lisibilité mais aussi la vitesse par effet concomitant, même quand elle n’est pas le principal problème ! Bonne  nouvelle non ? 

 Quant à la copie, s’il ya trop d’erreurs, cela permet d’entrée de jeu de donner de petits conseils pour les éviter …

Ensuite, on passe aux exercices de rééducation de la posture et du geste. Pour William, nous sommes restés quelques minutes  à jouer avec les « finger eyes » ("yeux à doigt")  pour délier les petits doigts. La mère  joue avec son fils aussi comme elle le fera à la maison entre les séances avec l’aide de la vidéo de Célia Cheynel, rééducatrice en Bretagne.

Voir ci-dessous

Ensuite, nous avons fait « le soleil des doigts » (Voir  sur le   site de Anne-Gaël Tissot  )

 pour bien prendre en mains le crayon et appris à faire bouger le crayon avec le pouce, geste de base de l’écriture  manuscrite. La maman reproduit les exercices, prenant conscience de la  difficulté de la tâche, des efforts que cela nécessite pour son petit garçon, et aussi du fait qu’elle aura à surveiller la conformité du geste à la maison. Elle est partie prenante de la rééducation de son fils, c’est  de la coveillance.

La séance se termine par quelques traits de crayon verticaux appelés "yoyos" où l’on utilise tout ce que l’on a appris à faire aujourd’hui.

 Enfin, nous relisons ensemble la fiche d’exercices et vérifions que tous sont compris par enfant et parent. 

William repart avec son crayon de rééducation , son "finger eyes" et ses exercices à faire chaque soir sous le regard vigilant et complice de sa mère.